26 nov. 2009

Comment entrer en contact avec moi...

C'est pas parce qu'on est à l'autre bout du monde qu'on est totalement isolé. J'ai d'ailleurs pu remarquer pendant un précédent voyage de 5 mois que c'est quand on est le plus isolé qu'on communique le plus. En tout les cas ma fréquence de mail n'avait jamais été aussi élevée...sans doute une volonté de montrer qu'on est toujours vivant!

Quoiqu'il en soit, il est possible de m'envoyer du courrier sur base. Ce dernier est mis en instance à la Poste de St Denis de La Réunion puis est embarqué sur le premier navire devant se rendre dans les Terres Australes! Tout ça pour dire qu'il faut être patient et que je vous pardonne d'avance si je ne reçois pas une lettre pour mon anni le jour même! J'attend autant d'indulgence de votre part! lol.
Après un tel périple vous vous doutez bien que les timbres en provenance des Terres Australes sont très recherchés par les collectionneurs. Donc ne jetez en aucun cas vos timbres...ils feront forcément plaisir à quelqu'un.
En tout cas pour m'écrire c'est simple:

Mr Quétel Clément
Base de Port aux Français
District de KERGUELEN
TERRES AUSTRALES ET ANTARCTIQUES FRANCAISES
VIA LA REUNION

Un courrier ça fait tellement plus plaisir qu'un mail! A bon entendeur...lol
Mais il est vrai que internet offre une option beaucoup plus rapide. Voici l'adresse mail pour m'écrire sur place (normalement):

cquetel@kerguelen.ipev.fr

A bientôt

23 nov. 2009

Comment j'en suis arrivé à partir à Kerguelen...

Un voyage comme celui-ci ne se prépare pas à la dernière minute. Pour ma part, j’ai postulé au Volontariat Civil à l’Aide Technique (VCAT) avec l'IPEV (Institut Polaire Paul Emile Victor) courant décembre 2008. Autant dire que l’aventure a déjà commencé depuis quelques mois !

Qu’est ce qu’un VCAT ? Pour résumer, c’est l’opportunité pour des jeunes de 18-29 ans de participer à des programmes scientifiques dans les Territoires d’Outre Mer. Entre autre, l'IPEV propose chaque année plusieurs postes de VCAT pour réaliser un volontariat dans les TAAFs (www.vcat-ipev.fr). En ce qui me concerne, j’ai choisi de postuler pour un programme scientifique en charge de l’étude de l’impact de l’Homme et des changements climatiques sur les écosystèmes subantarctiques. Ce programme, appelé Programme Ecobio, est coordonné par l’UMR écobio de l’université de Rennes. Ainsi, alors même qu’aujourd’hui l’écologie prend une place de plus en plus importante dans notre quotidien, il m’a semblé important de participer à un tel programme. Un programme au cœur d’un sujet d’actualité sociale et scientifique. Et ce n’est pas tous les jours qu’on a l’opportunité de réaliser un hivernage dans les Terres Australes et Antarctiques Françaises (TAAF). Je ne peux donc pas cacher que c’est aussi l’envie de vivre une expérience de vie extrême et hors du commun qui m’a poussé à postuler à ce VCAT.

Début avril - J’ai reçu une réponse positive de la part du conseil scientifique du programme Ecobio ! C’est alors que les choses s’accélèrent. S’en suit une série de tests médicaux et psychologiques dont le but est de s’assurer que je suis en bonne santé. C'est l'ultime étape pour être recruté par l'IPEV!Il faut savoir que l’isolement sur les îles Kerguelen est particulièrement poussé. Le seul moyen de transport pour y accéder est le bateau…et environ 7 jours de mer ! Donc pas le droit à l’erreur médicale avant le départ. Car là-bas, même une pathologie qui serait bénigne en métropole peut vite prendre une tournure plus grave. Heureusement, le district de Kerguelen dispose d’un médecin et d’une infirmière qui peuvent assurer les premiers soins…ouf!

Quoiqu’il en soit, c’est sans contre indication médicale que j’ai passé ces tests. Maintenant c’est sûr, je pars à Kerguelen !

Fin Août - Il est désormais temps de se préparer sérieusement à ce départ.

Première étape, s’équiper pour affronter sereinement le vent et le froid de Kerguelen. En gros il faut s’imaginer un hiver comme on le vit en métropole…mais un hiver qui dure toute l’année ! Et comme le programme Ecobio nous amène à passer beaucoup de temps dehors pour étudier la végétation, les insectes,…mieux vaut être bien équipé !

Les cantines (sorte de grosses malles en fer) doivent être expédiées pour le 14 septembre. Me voilà donc à arpenter les rayons Montagne des magasins de sport pour trouver des vêtements chauds…pas évident de trouver des gants et des polaires en plein mois d’août !

La préparation des cantines est un moment assez stressant ! Il faut se projeter sur place, imaginer tout ce dont je pourrais avoir besoin pendant un an (vêtements, shampoing, dentifrice, médicaments, thé, biscuits…), penser à toutes les petites choses qui deviennent essentielle à son bien être quand on est loin de chez soi (photos des proches, décoration pour la chambre, livres, films, le Mug fétiche pour boire son thé…). C’est un départ avant l’heure !

Du coup l’euphorie du départ s’estompe un peu pour laisser place à la peur. La peur de l’inconnu, la peur de se séparer de ceux qu’on aime, la peur de ne pas réussir à profiter pleinement du temps qu’il reste. C’est réellement à ce moment là que j’ai commencé à mesurer l’importance de mon choix de partir dans les îles Kerguelen pour 14 mois. Un choix dans lequel se mêlent une envie profonde de vivre un truc nouveau et hors du commun et la peur de tout simplement dire au revoir. Un choix qui n’engage d’ailleurs pas que moi. Il engage aussi ma famille et mes amis, tiraillés par l’envie de me garder auprès d’eux et pourtant si heureux de me voir partir pour une si belle aventure.

Juste pour info, à l’heure où j’écris, mes cantines sont sur le Marion Dufresne qui navigue tranquillement (enfin je l’espère !) vers Kerguelen. J’espère n’avoir rien oublié !

Septembre - Pour bien préparer le départ dans les TAAF, les hivernants reçoivent une formation de 8 semaines. Tout commence par une semaine de séminaire à Plouzané, au centre de l’IPEV. C’est l’occasion de rencontrer une bonne partie des personnes que l’on va côtoyer pendant plus d’un an, de mettre des visages sur des noms. Mais ce séminaire permet aussi de recevoir un tas d’informations sur les TAAFs et sur les différents programmes de recherche scientifique qui y ont lieu. Chacun prend ensuite la direction de son laboratoire afin de recevoir une formation plus poussée et plus spécialisée.

C’est ainsi que notre petite équipe Ecobio (Louise, Lise et moi) prenons la direction de Paimpont (près de Rennes) pour suivre la formation Ecobio. Avec moi, Louise (qui part pour le même programme que moi mais sur Crozet) et Lise (ma binôme sur Kerguelen). Au cours de cette préparation nous avons pu rencontrer l’ensemble des scientifiques qui coordonnent le programme Ecobio. Chacun a sa spécialité et se charge donc de nous transmettre un maximum de ses connaissances. Nous tentons donc d’emmagasiner un maximum d’informations concernant les espèces animales et végétales sur lesquelles nous travaillerons une fois sur place. C’est aussi le moment de se plonger dans les protocoles que nous aurons à suivre pendant la durée de l’hivernage.

Ces 8 semaines sont aussi l’opportunité de rencontrer des gens qui sont déjà partis sur les îles Kerguelen. Ces derniers ne sont pas avares en conseils, anecdotes. Certains y sont partis il y a déjà quelques années et pourtant ils en parlent comme si c’était hier. Une chose est sûre : cette aventure à Kerguelen sera unique et inoubliable.