18 avr. 2010

Sourcils Noirs et Phonolite

6h20 du matin, je n’arrive plus à trouver le sommeil. Donc plutôt que de tourner en rond dans mon lit, je me suis dis « Tiens, je vais écrire un mail ! ».

Mais qu’est ce que je fais réveillé à cette heure un dimanche ?

Ne vous inquiétez pas, je ne suis pas devenu insomniaque. C’est juste que l’hiver a fait son grand retour. Résultat des courses, avec la chute des températures, nos petites amies les Souris font leur grand retour dans les bâtiments.

Hier déjà, une d’entre elle a eu l’audace de farfouiller toute la journée dans ma poubelle et même de monter sur mon lit ! J’ai installé un piège et dans la soirée j’ai entendu le « clic » de la porte métallique qui se refermait. Et de une !

Et voilà que dans la nuit une seconde souris a fait irruption dans ma chambre. Elle a passé la nuit à se promener à droite à gauche. Vers 6h, tout chavire ! Je réalise que la gloutonne est dans ma cantine. Je l’imagine en train de se goinfrer de mes Crackers Manaco ! Il ne m’en faut pas plus pour passer à l’acte ! La pauvre est prise au piège…et je me transforme en bourreau à 6h15 du matin…une journée qui commence de façon bien étrange !

Demain, Lise et moi quittons à nouveau la base pour nous rendre 5 jours sur Guillou. Il est temps pour nous de reprendre notre boulot d’Ecobio et de nous recourber dans les plantes. Après l’OP, nous avions en effet décidé de nous accorder quelques jours de off afin de pouvoir accompagner Alexis et Pierrick (les deux VATs ornithos) pour une de leur manip à Sourcils Noirs. Au programme, baguage des jeunes d’Albatros fuligineux et d’Albatros sourcils noirs avant envol pour le suivi démographique des deux espèces. Il était également prévu de poser des petites balises Argos sur 5 jeunes Albatros fuligineux afin d’en savoir un peu plus sur leurs déplacements.

Jeudi 8 avril, le chaland nous dépose tout les 4 au Halage situé entre la presqu’île Ronarch et la péninsule Jeanne d’Arc. La météo n’est pas des plus engageantes mais la pluie ne nous fait plus peur. Et c’est parti pour 3h30 de marche pour arriver à la cabane de Sourcils Noirs. Pas le temps de se chauffer les cuisses qu’il faut déjà avaler 400m de dénivelé dès le départ. Le plafond nuageux est bas et nous sommes vite la tête dans le brouillard. Le vent se lève…pas de doute, nous avons atteint le plateau des Hauts du Hurle Vent. Avec un nom aussi évocateur, on peut s’estimer heureux d’avoir eu le vent de dos ! Une fois sur le plateau, le ciel finit par se dégager et nous apercevons déjà le canyon au fond duquel est installée la cabane. Au loin, sur notre droite, nous distinguons le haut des falaises abruptes de Baie de la Pic. Après 1h30 de marche sur le plateau nous nous engouffrons dans les gorges. Plus que 20 min de descente et nous voilà arrivés à la cabane.

Blotti au fond d’un canyon, à l’affluence de deux torrents, le chalet a fière allure.

Cabane de Sourcils Noirs

Dès le lendemain matin, nous débutons la manip ornitho. Les sites d’étude étant principalement sur la côte, il nous faut quotidiennement remonter sur le plateau situé au Sud du canyon puis redescendre la falaise pour accéder à la zone de nidification. Le spectacle est tout simplement hallucinant.

La colonie de Sourcils Noirs semble comme accrochée à la falaise. Les adultes ont quitté le nid mais certains d’entre eux survolent encore la zone, profitant des courants aériens, pour venir nourrir leur petit. Les jeunes, déjà aussi gros que les parents finissent de perdre leur duvet et exhibent leur beau plumage d’adolescents. Pour le moment, ils se contentent juste de battre des ailes pour se muscler. Mais bientôt il sera temps pour eux de prendre leur envol. Une envie de liberté flotte au dessus de la colonie.

Sourcil noir (juvénile)

Les Sourcils Noirs ne sont pas les seuls locataires de ces falaises. Les Gorfous macaroni ont eu aussi pris possession des lieux. Beaucoup plus bruyants que les Albatros, ils sont revenus en couple pour muer. Très territoriaux, ils n’hésitent pas à se prendre le bec (je comprend mieux l’expression maintenant) et à se boxer à coups d’ailerons. Ainsi, chaque couple est séparé de ses voisins d’une distance qui équivaut à la taille d’un aileron. Du coup, malgré le bazar auditif, la colonie de Macaronis est très bien structurée au niveau visuel.

Gorfous macaroni

Les Albatros fuligineux sont les plus discrets. Les nids sont situés à l’écart au pied de petites parois rocheuses humides. J’avais déjà eu l’occasion de croiser ces poussins masqués sur Ile Haute et à Cap Cotter. Le temps s’est écoulé et leur physionomie a bien changé. Le gros duvet gris a presque disparu et le masque blanc s’est estompé. Ca ne me rajeunit pas tout ça !

Pour les manips, nous décidons de nous séparer en deux équipes : 1 Ornitho + 1 Ecobio. Pour limiter l’effet manipeur dans les mesures, Pierrick et Alexis se chargent du baguage et des mesures biométriques (longueur du bec, de l’aile, poids, hauteur du crochet). Et l’Ecobio dans tout ça, il fait quoi ? J’ai envie de vous répondre : « il se fait vomir dessus ! ». Nous étions en charge de saisir le poussin par le bec et de le maintenir, ailes plaquées le log du corps, pour permettre aux ornithos de faire leur boulot.

Le fait de devoir les manipuler n’est pas sans désagréments pour les oiseaux. Ils sont plus ou moins stressés d’un individu à l’autre. Vomir constitue une réponse au stress ! Autant dire qu’à la fin de la manip, nous dégagions une « légère » odeur !

Lundi 12, Alexis et Pierrick finissent de poser les deux dernières balises Argos en fin de matinée. Nous avalons un casse croûte au soleil et profitons un dernier instant du spectacle de la colonie.

Le beau temps se maintient et nous décidons d’aller jusqu’à la baie de la Pic. Je découvre alors Kerguelen sous une facette qui m’était encore inconnue. La baie porte bien son nom. Nous marchons au sommet de falaises abruptes d’environ 400m de hauteur. La verticalité est telle qu’on a peine à se rendre compte de la distance qui nous sépare de la mer.

La côte est découpée et je comprends alors pourquoi les premiers navigateurs ont surnommé Kerguelen « Ile de la Désolation ». Depuis la mer, il est tout simplement impossible d’envisager de mettre le pied à terre. Kerguelen donne une image d’île vierge, sauvage, minérale et inaccessible. Les falaises s’érigent telles une barrière dans l’immensité de l’Océan Indien. L’Homme n’est que peu de chose.

Mercredi 14, nous quittons la cabane de Sourcils Noirs pour nous rendre à Phonolite, sur la presqu’île Ronarch.

Le plateau des Hauts du Hurle Vent est bien différent d’à l’aller. La neige a fait son apparition et lui donne une toute autre allure. Quel bonheur de marcher dans cette ambiance nordique, de voir les choux et l’acaena recouverts d’un manteau blanc immaculé.

Plateau des Hauts du Hurle Vent sous la neige

Acaena et Poa Cookii sous un manteau blanc

Vers 14h, nous arrivons enfin à la cabane de Phonolite. Située au pied de la Tête d’Homme, massif de Phonolite (roche volcanique verte), elle bénéficie d’une vue imprenable sur la vallée de Phonolite, sur le Mont Rouge et sur le Mont Wiville Thomson.

cabane de Phonolite

Jeudi 15, faute de temps pour pouvoir réaliser une excursion jusqu’à la rivière des Macaronis et la Muraille de Chine (à l’est de Ronarch), nous décidons de remonter la vallée de Phonolite jusqu’au Bastillon avant de remonter au col situé derrière le Mont Rouge. A 500m d’altitude, nous avons l’impression d’être en haute montagne. Le vent est froid mais le spectacle en vaut vraiment la peine.

Vendredi 16, c’est l’heure de rentrer sur base et de quitter ce havre de paix. Promis, je reviendrai pour tenter l’ascension du Mont Wiville (900m) et faire un saut à l’Est de Ronarch. Mais comme l’hiver fait royalement son entrée il faudra sans doute attendre le printemps !

9 mars 2010

Tour Courbet

Mardi 2 mars 2010. PAF - Cataractes

Il est aux alentours de 9h quand nous nous rejoignons au L5, Laurence, Maurice et moi. Je viens de passer en cuisine pour récupérer le peu de nourriture que nous allons emporter.

Les sacs sont enfin prêts et nous pouvons prendre la route pour notre première étape du Tour Courbet. 6h de marche nous attendent. Si tout se passe bien, nous devrions être à la cabane de Cataractes vers 16h en tenant compte de la pause déjeuner.

Le transit PAF-Cataractes est et sera la seule étape où nous ne longerons pas la côte. Bien au contraire, c’est une longue marche dans un décor aride, presque stérile, qui nous fait face.

Sans nous en rendre réellement compte, nous prenons petit à petit de la hauteur. La péninsule Courbet se dévoile à nos yeux par cette météo claire et dégagée. De multiples lacs et rivières sont visibles et nous mesurons la chance que nous avons de ne pas avoir à contourner ou traverser chacun d’eux. Le caillou est une valeur sûre! Depuis les hauteurs, nous pouvons presque reconstituer chacune des étapes qui constitueront notre périple. Nous n’aurions pas pu faire mieux comme introduction!

Vers 13h, au passage d’un col, nous apercevons enfin la côte Nord de la péninsule ainsi que l’Anse de Betsy à proximité de laquelle se trouve la cabane. Sommes nous arrivés pour autant? Non, il nous aura encore fallu 3h de marche pour arriver à la cabane de Cataractes.

Située à 300m de la plage, elle est installée sur les hauteurs, au niveau d’un coude de la rivière Cataractes. Depuis les deux modules rouges qui la constituent, nous bénéficions d’une vue magnifique. D’un côté, la cascade de la rivière. De l’autre, l’embouchure de cette même rivière qui vient se jeter dans l’Océan Indien. Les vagues viennent se fracasser contre le rocher. En arrière plan, l’océan à perte de vue et les falaises abruptes de la Baie des Cascades…un décor de rêve!

Bonbon

La cabane par contre est dans un triste état.

Le premier module, le plus récent, est aussi le plus petit. Une table branquignole et quelques touques font offices de salle à manger. Une petite étagère sur laquelle est posée un camping gaz fait quant à elle guise de cuisine…on se sent à l’étroit! L’avantage c’est que tu n’as pas besoin de te lever de ta touque pour cuisiner!

Le deuxième module, plus spacieux, sera notre chambre à Laurence et moi.

Et là, on va de surprise en surprise!

Dehors il pleut. Et nous ne tardons pas à découvrir qu’il pleut aussi à l’intérieur.

Avec Laurence, nous décidons donc de nous installer dans l’entrée…seul espace au sec. Et nous recouvrons les deux matelas avec une couverture qui avait semble-t-il connue l’assaut des souris!

En bref, une «super» nuit en perspective.

Je m’enferme dans mon sac de couchage et finis par m’endormir malgré le clapotis de l’eau qui goutte du plafond.

Mercredi 3 mars 2010. Cataractes

8h30…je suis réveillé par Laurence qui vient de pousser un petit cri.

- Qu’est ce qui se passe?

- Je viens de voir une souris au-dessus du matelas, juste à côté de toi!

Ni une, ni deux, je bondis hors de mon sac de couchage…une bonne journée qui s’annonce. En même temps, 8h30, c’est une heure raisonnable pour commencer à s’activer un peu!

Je glisse le nez dehors, résolu à aller faire chauffer un thé. Je comprends alors pour la deuxième fois en moins de 10 min que la journée s’annonce bien! A l’extérieur, il y a du brouillard à couper au couteau, il pleut et il y a du vent. Impossible de travailler dans ces conditions.

Nous passons donc la matinée dans la cabane. L’occasion d’apprendre à Laurence à faire du crochet.

A midi, après un bon Couscous royal en conserve, nous décidons de partir sur le terrain…direction Anse de Betsy pour réaliser des prélèvements de plantes. Mais pour ça, il nous faut atteindre l’autre rive de la rivière Cataractes.

Première tentative par l’embouchure mais la marée est haute. Le passage est impossible.

Nous décidons donc de remonter la rivière pour trouver un secteur moins profond et avec moins de débit. Après 45min de marche, nous abandonnons…la pluie de la veille ayant alimenté le lit de la rivière…retour au point de départ…la cabane!


Jeudi 4 mars 2010. Cataractes – Cap Cotter.

Troisième jour de manip et deuxième jour de marche.

Aujourd’hui, nous faisons cap sur Cap Cotter soit environ 4h30 de randonnée.

Le décor est à l’opposé de celui traversé pendant le premier transit. Nous quittons les paysages désertiques pour longer la côte Nord de la Péninsule Courbet.

Le ciel est dégagé mais le vent souffle. Poussé par les rafales, l’océan est déchaîné. Les déferlantes atteignent 3-4 mètres et viennent s’écraser sur le rocher propulsant leurs embruns sur une dizaine de mètre de hauteur.

C’est une nature brute que nous découvrons. L’Eau, l’Air et la Terre se font face et s’opposent dans un combat violent et pourtant si beau à contempler.

Au milieu de cette guerre des éléments, la faune continue de nous surprendre. Et je fais trois nouvelles rencontres.

Tout d’abord, le Grand Albatros. Avec près de 3m50 d’envergure, il est l’un des plus grands oiseaux au monde. Ce géant des airs ne semble aucunement gêné par la force des vents. Il continue de planer malgré les rafales. Certains individus sont encore sur nid et il nous est possible de les approcher. D’un blanc immaculé et d’une taille énorme il nous est impossible de les rater ! De loin, on voit de grosses tâches blanches!


parade de Grand Albatros


colonie de Gorfous macaroni

Deuxième rencontre, les Otaries. De la taille d’un chien de taille moyenne, elles ont le caractère d’un caniche. Argneuses, elles ne cessent d’être sur la défensive dès qu’on passe près d’elles. Elles se dressent sur leurs pattes avant et grognent en montrant les dents. Attention, ça mord!

Troisième rencontre, et pas des moindres, les colonies de Gorfou macaroni. Ils sont là, plantés au flanc de la côte, exposés aux embruns et au vent. Serrés les uns contre les autres, ils sont des milliers. Un spectacle fascinant auquel nul ne peut rester insensible.

Nous arrivons à la cabane vers 14h. Spacieuse et confortable, sèche et lumineuse…ça fait du bien.

Nous profitons de l’après midi pour partir à l’assaut du Mont Campbell, qui du haut de ses 250m, avait constitué un excellent repère visuel au cours du transit.


Vendredi 5 mars 2010. Cap Cotter – Cap Noir

Cap Noir, lieu de refuge à l’issue de notre troisième étape du tour Courbet.

Un ciel ouvert et le vent de dos…parfait pour profiter pleinement de ce transit, une fois de plus chargé en émotions.

Les colonies de Gorfou macaroni laissent place aux colonies d’otaries. Tranquillement installées sur des tapis de Leptinella plumosa aux douces odeurs de miel, elles se dorent au soleil…il faut en profiter tant qu’il y en a! Surprises par notre arrivée, elles se dressent, grognent et cherchent à nous intimider. Quelques unes, plus téméraires, n’hésitent pas à nous attaquer. Difficile de garder son sang-froid quand on voit toutes ces petites dents acérées!

Pourquoi sont-elles si agressives à notre égard ? En fait, tout comme les éléphants de mer, la posture avec le torse dressé est un signe d’attaque. Nous, chers bipèdes que nous sommes, sommes donc pris pour des agresseurs. Elles se contentent donc de défendre leur territoire! Il faudrait tester de traverser une colonie en rampant histoire de vérifier cette hypothèse! Un volontaire?

Après 3h de marche, nous apercevons la cabane de Cap Noir. Blottie au sommet du cap, elle semble être à la fois sur terre et en mer. Encore une cabane depuis laquelle la vue promet d’être grandiose.

Encore 30min de marche et nous atteignons notre nouveau logis implanté au beau milieu d’une colonie d’otaries…il faudra se méfier à la nuit tombée! Ca serait dommage de se faire mordre en allant au petit coin!

Avec Laurence, nous profitons d’avoir l’après-midi et une météo clémente pour revenir sur nos pas. Nous avions repéré de superbes stations à Poa Cookii à flan de falaise…l’occasion de faire quelques prélèvements.

Mais comme à chaque fois à Kerguelen, les manips boulot gardent un grand intérêt «touristique». Nous avons le plaisir de pouvoir approcher des poussins d’Albatros fuligineux (une vingtaine de nid) qui tels des quilles au duvet gris nous regardent d’un air inquiet en claquant du bec. Les adultes ne sont pas loin et poussent des cris qui font penser à des lamentations.

Demain, nous continuons notre transhumance pour rejoindre Ratmanoff et ses manchots royaux…ils sont près de 150.000 à nous attendre!


Dimanche 7 mars 2010. 8h Ratmanoff

Je suis là, assis en indien sur la terrasse de la cabane du Guetteur. J’observe l’un des plus beau spectacle qu’il m’ait été donné de voir. Des visions comme celle-ci, qui vous prend dans les tripes, on a envie de les prolonger et de s’en imprégner au maximum.

Je ne vois pas. Je ressens ce qui m’entoure.

Et les mots ne me viennent pas pour décrire cette magie que seule la nature est capable de créer.

Le soleil me réchauffe la peau. Le doux bruit des vagues peine quant à lui à recouvrir le chant et les cris de ces milliers de Manchots royaux.

Devant moi, à perte de vue, s’étend la colonie de Ratmanoff. Ils sont plus de 150.000, regroupés et serrés les uns contre les autres pour former la deuxième plus grosse colonie de Manchot royal au monde.

colonie de Ratmanoff

Tous mes sens sont sollicités. J’ai comme l’impression de n’être qu’une extension, un prolongement de cette scène. Toutes mes cellules vibrent, se synchronisent et s’harmonisent avec ce spectacle. Je suis en symbiose avec ce qui m’entoure et je me sens terriblement bien.

Pourquoi sont-ils regroupés là?

En fait, après l’accouplement, l’œuf est pondu, placé sur les pattes et recouvert d’un bourrelet de peau afin de le garder au chaud. Le partenaire qui n’a pas l’œuf part alors en mer pour se nourrir. Cela peut prendre plus d’une dizaine de jours. A son retour dans la colonie, il doit retrouver le couveur. Comment se reconnaissent-ils au milieu de cette foule? Par le chant. Car chaque individu a un chant qui lui est propre et que les partenaires savent reconnaître. A l’approche de la colonie, le partenaire parti en mer chante. Le second lui répond. Guidé par le son, ils parviennent à se retrouver.

Dès lors, les rôles sont inversés. L’œuf est échangé sans perdre de temps car les prédateurs (Skua et Pétrel géant) guettent la moindre erreur. C’est alors au tour de l’ancien couveur de partir en mer pour se nourrir.

Au cours d’un voyage, ils peuvent prendre plusieurs kilos et stockent la nourriture dans leur jabot. Elle sera régurgitée plus tard au poussin en fonction des besoins de ce dernier.

Le cycle se répète jusqu’à ce que le poussin, trop gros pour tenir entre les pattes des parents, devienne un peu plus autonome. Il regagne la crèche formée par l’ensemble des poussins de la colonie. Ils ne sont pas encore capables de se nourrir par eux même donc ils réclament de la nourriture au premier adulte qui passe. Et parfois, ça fonctionne. L’adulte, dans un élan de générosité, lui lègue un peu de cette précieuse mixture qu’il conserve dans son jabot.

Manchots royaux

Pour revenir à notre tour Courbet, hier nous avons marché environ 5h30 pour rallier Cap Noir à Ratmanoff. Une grande partie du transit se faisant sur la plage de sable noir…un décor encore radicalement différent de ce que nous avions vu les jours précédents.

Nous avons entre autre croisé les cadavres d’une centaine de Globicéphales qui se sont échoués il y a 2 mois sur la plage qui longe le lac Marville. Au milieu de tous ces ossements, nous sommes heureux d’apercevoir ces petits groupes de Papous et de Manchots qui flânent sur la plage.

Nous avons rejoins Anette et Alexis à la cabane du Guetteur vers 15h30. Que font-ils? Ils guettent le retour d’individus marqués et équipés de balises GPS, Argos et d’une série d’autres capteurs. Du lever au coucher du soleil, 7j/7, ils se relayent par tranches de 3h depuis plus d’un mois pour ne pas louper leur retour…

La cabane est placée au bord de la manchotière. C’est presque une villa en comparaison aux autres cabanes que nous avons visité.

cabane du Guetteur (Alexis cette année!)

Aujourd’hui, il nous faut malheureusement quitter ce cadre idyllique pour nous diriger vers Morne.

Dimanche 7 mars 2010. Ratmanof – Morne

Il est 21h et me voilà enfin dans mon duvet. Nous avons quitté, non sans mal, la manchotière de Ratmanoff vers 10h.

Après une heure de marche sur la plage, toujours entourés par les manchots, nous finissons par rejoindre les traces du tracteur. Le chemin est désormais tout tracé et il est triste de devoir marcher dans les ornières après plusieurs jours en totale immersion.

Papou

Le trajet jusqu’à Morne est long, presque interminable.

A l’heure de midi, nous passons à côté d’un cadavre de jeune Cachalot sur lequel les Pétrels géants se chargent du nettoyage!

Puis nous arrivons à la rivière des Calcédoines. Rien de spectaculaire à première vue. Mais dès qu’on regarde au sol, on découvre de petites pierres polies :les Calcédoines. Aux teintes multiples, veinées de cristaux, elles sont vraiment magnifiques.

A ce stade, nous avons encore deux heures de marche et au loin, la cabane est déjà visible…on a l’impression de ne pas avancer.

Ne nous reste plus traverser le désert de Morne et nous serons arrivés.

Il est 17h quand nous franchissons la porte de la cabane qui a des allures de refuge de montagne.

Quant au site, il n’a de morne que le nom. Le cadre est certes moins impressionnant que celui des jours précédents mais il n’en reste pas moins magnifique. Des éléphants de mer, des otaries, des pétrels géants,…nous ne sommes une fois de plus pas seuls.


Morne

Lundi 8 mars 2010. Morne – PAF

Les marches les plus courtes ne sont pas forcément celles qui paraissent les moins longues. Preuve en est avec cette dernière étape du tour.

En fait, on se rend rapidement compte que quand on marche, on finit par se déconnecter de la notion temporelle. Seules la distance parcourue et celle qu’il reste à effectuer servent de repère.

Les choses se compliquent quand un repère visuel est visible du début à la fin! Et c’est malheureusement le cas du transit jusque PAF. Le château d’If (situé dans la Baie norvégienne) et la boule du CNES (près de la base) sont comme un fil rouge. Du coup on a l’impression de ne pas avancer et ça devient difficile psychologiquement.

Nous mobilisons l’énergie qu’il nous reste et au bout de 4h de marche, nous arrivons enfin au bâtiment géophy où on vient nous chercher en voiture.

La boucle est bouclée.

27 févr. 2010

Guillou et Cochons

Après une petite période d'absence, séjours sur Ile Guillou puis Ile aux Cochons obligent, je refais enfin surface.

Et comme le mois de mars s'annonce aussi chargé (et palpitant) que le mois de février, j'anticipe et profite du week end pour vous donner quelques news depuis les Terres australes. Il faut dire, depuis que nous sommes rentrés jeudi de Cochons, j'ai enfin l'impression de pouvoir souffler. Quelques jours sur base, ça fait un bien fou. Enfin un vrai week end! Le calme avant la tempête car le mois de mars s'annonce...sportif!

Ces deux dernières semaines, nous avons terminé notre tour des îles du Golf du Morbihan. Il y a bien quelques îles sur lesquelles nous n'avons pas posé les pieds mais il faut garder une part d'inconnu... Et puis, on peut s'estimer heureux d'avoir pu séjourner sur celles où nous sommes allés. Certaines personne sur base n'auront pas la chance de visiter ne serait-ce qu'une seule d'entre elles.

Du 15 au 19 février, j'ai passé 5 jours sur Guillou accompagné de Lise (on change pas une équipe qui gagne) et de François (qui bosse pour un programme d'étude sur les populations de Salmonidés). L'île Guillou est la dernière du Golf et elle a la particularité d'être quasi raccordée à la Grande Terre. Une grille a d'ailleurs été érigée au niveau du passage pour empêcher les chats et les lapins de venir (re)coloniser l'île.

L'éradication du Lapin a semble-t-il été efficace. Par contre, nous avons vu un chat roder à proximité de la cabane...y aurait-il une fuite?

La cabane de Guillou est très connue. Avant même d'y aller, tout le monde en parle! Certes, elle est peinte en rouge et bénéficie d'une vue magnifique sur île Longue mais ce n'est pas la raison de sa célébrité!

Vous allez rire mais ce sont ses WC qui sont à l'origine de cet engouement...les plus beaux WC du Golf! Après un séjour de 5 jours sur place, je dirais même les plus beaux WC de Kerguelen!

Je ne vais pas rentrer dans les détails, mais avec ses murs rouges, sa porte bleue et sa fenêtre en forme de coeur, on se croirait projeté dans Alice au Pays des Merveilles! On y passerait des heures juste pour le plaisir d'observer le paysage!

Au programme sur Guillou, des transects, des transects et encore des transects...44 au total. Histoire de rajouter un peu de piment à tout ça, la météo a fait des siennes et le vent a soufflé...rafales à 60 noeuds (environ 120 km/h) pendant deux jours!

L'équipe de la logistique IPEV nous a rejoins sur Guillou jeudi pour faire quelques réparations dans la cabane. Nous avons donc passé la soirée à 6 dans une petite cabane...au moins, pas besoin de radian!

L'occasion de goûter aux moules! François s'était chargé de les ramasser dans la journée. En rentrant, session nettoyage et hop à la casserole...avec de la bière. Un pur délice! De loin les meilleures moules que j'ai jamais mangé. Le tout accompagné de frites et d'une dose de bonne humeur...une soirée que je suis pas prêt d'oublier!

Le lendemain, debout à 6h pour effectuer une manip de prélévement d'Acaena et de Taraxacum ainsi que des mesures d'humidité du sol...sous la pluie! Pas le choix, cette manip devait être faite le jour du départ et le chaland passait nous prendre en fin de matinée!

Comme je vous le disez au début, nous avons terminé notre visite des îles du Golf par un séjour de 4 jours sur Ile aux Cochons (du 22 au 25). Pourquoi Ile aux Cochons? Il se pourrait qu'il y ait eu un essai d'élevage de Cochons sur cette île. En tout cas si ça a été le cas, aujourd'hui il est clair qu'il n'y en a plus.

Contrairement à Guillou, l'île aux Cochons se situe plutôt dans le premier groupe d'îles du Golf. Avec Cimetière et Chat, elle délimite une zone bien protégée du vent et de la houle. Raison pour laquelle La Curieuse vient s'y abriter quand la mer est agitée.

Ile aux Cochons est une île de taille raisonnable. Elle est composée de trois sommets dont le plus haut doit atteindre 120m. La cabane est placée dans la zone la plus plate de l'île. Il s'agit d'un chalet de jardin consolidé (pour résister au vent) et réaménagé à l'intérieur pour pouvoir accueillir 3 personnes. La porte vitrée et les fenêtres font de cette cabane un espace très lumineux et très agréable à vivre.

Depuis la terrasse, nous apercevons deux reliques historiques de Kerguelen: le Cimetière des baleiniers situé sur Ile du Cimetière et l'épave de l'Alberta échouée dans les années 30 sur Ile du Chat. Sur île aux Cochons, c'est un énorme chaudron en fonte qui se veut témoin d'une ancienne présence humaine sur le site. Ca fait toujours un drôle d'effet de voir ces traces d'activités qui datent du début du siècle, un peu comme si le temps s'était figé.

Autre particularité de l'île, l'ambiance sonore qui y règne à la nuit tombée. En effet, un très grand nombre de Pétrels y ont élu domicile dans des terriers. Invisibles en journée pour échapper à la prédation des Skuas, ils ne sortent que la nuit. Ainsi, dès qu'on met le nez dehors, on est supris par la quantité d'oiseaux qui volent autour de la cabane (ça fait un peu penser à un vol de chauves souris). Chacun y va de sa chansonnette pour le plaisir de nos oreilles. Kerguelen dans toute sa splendeur, quand bien même il fait nuit: un environnement qui ne cesse de stimuler l'intégralité de tes sens.

Par contre c'est aussi la fiesta sous le plancher! Une petite dizaine d'individus s'est en effet installée sous la cabane! Entre les poussins qui réclament à manger, les conflits de voisinage,...il est difficile de trouver le sommeil dans un tel rafut! Heureusement, le plein air, ça fatigue!

Pour ne pas déroger à la règle, le programme de ces 4 jours sur Cochons...des transects! Mais attention, pas n'importe lesquels! Ce sont nos 44 derniers transects.

C'est donc parti pour 3 jours de terrain. Avec nous, Liénor (la chef météo de la base) qui nous accompagne pour nous donner un coup de main et visiter l'île.

Nous quittons la cabane tôt le matin...le vent ayant tendance à se lever en fin de matinée! A midi, nous cherchons un petit coin abrité du vent pour nous enfiler un casse croûte. Puis c'est reparti jusque 17h. Une routine, certes, mais qui se veut efficace. Nous réussissons à boucler nos 44 transects dès le mercredi en milieu d'aprem. Le traditionnel "the last one" de Lise résonne d'une manière tout a fait différente...nous en avons fini de nos transects.

L'heure du bilan a sonné. Quelques calculs savants (j'exagère, juste quelques multiplications!) et nous en venons à la conclusion suivante: nous avons réalisé pas moins de 230 transects. Chaque transect mesure 20m. Ce qui, mis bout à bout, représente 4,6km de transects...que nous lisons le plus souvent accroupis ou sur les genoux! Par ailleurs, à raison d'un point contact (avec détermination des espèces végétales qui touchent la baguette) tous les 10 cm...ça nous fait en théorie....46 000 points contacts. Dans la pratique beaucoup plus car j'ai oublié de préciser que nous tenons aussi compte des strates verticales de la végétation. Donc à la fin de notre manip transect, nous avons fait pas loin de 80 000 croix et parcouru 4,6 km sur les genoux!...cool

Vu sous cet angle, ça peut sembler un peu reboutant comme manip. Mais c’est en fait une chance unique de comprendre comment s'organise la végétation sur les îles. Depuis le chaland, on a du mal à imaginer une telle diversité. Par contre, quand on a le nez dedans (au sens absolu du terme) les choses sont radicalement différentes. Chaque île a son histoire biologique, sa géologie, son relief, ses particularités météorologiques,…Tous ces facteurs combinés ont une influence sur la structure des communautés végétales et c'est une chance de pouvoir s'en rendre compte.

Il est désormais temps pour moi de laisser les îles pour quelques semaines. Le mois de mars sera dédié à la découverte de la Grande Terre et plus particulièrement de l'Est de Kerguelen. A la fin du mois, la péninsule Courbet n'aura plus de secrets!
Dès mardi, je pars pour 6 jours de marche avec Laurence et Maurice (deux scientifiques de mon programme). Itinéraire: PAF-Betsy-Cataractes-Cotter-Digby-Ratmanoff-Morne-PAF. Au passage, nous en profiterons pour passer voir la colonie de Manchots royaux qui se trouve à Ratmanoff. Difficile de passer à côté, c'est l'une des plus grosses colonies au monde...plus de 150 000 individus! Ca va encore être un truc de folie!

Le tour Courbet, c'est aussi l'occasion de voir des Grands Albatros, des Otaries et des Gorfous macaroni. Je n'ai encore vu aucun des trois. Comme quoi, même après deux mois sur Kerguelen, il me reste des trucs à découvrir...et pas des moindre!

Puis retour sur base pour un jour avant de repartir pour trois jours sur île Australia. Et ensuite, j'enchaîne directement avec le tour Courbet Ouest avec David et Matthieu (deux autres scientifiques Ecobio)...6 jours de marches dont voici l'itinéraire: PAF-Studer-Port Elisabeth-Baie Charrier-Baie Cascade-Studer-PAF.

24 janv. 2010

Longue et Cimetière

On est dimanche, et comme tout les dimanches le repas de midi est décalé de 30 min. Et comme il est 11h55, ça me laisse un peu de temps pour donner quelques news fraîches (pas très vrai en ce moment). C’est maintenant ou jamais car demain on repart sur le terrain pour deux semaines. Au programme, 3 jours sur Ile Haute, 6 jours sur Ile Australia et 4 jours sur Ile Mayès. Que d’îles me direz-vous ! Et oui c’est l’avantage du programme Ecobio : on bouge beaucoup et dans des endroits différents. On est des petits chanceux parmi les chanceux !

Comme d’habitude, le retour sur base est toujours un moment assez stressant. Il faut de nouveau tout anticiper, préparer les prochaines manips, faire signer nos feuilles de manip,…mais ça permet aussi de renouer contact avec la civilisation et avec le confort ! Faut dire qu’après une semaine passée dehors et en cabane, la douche n’est pas superflue ! Seul avantage : pas besoin de gel pour se coiffer ! Les cheveux sont tellement gras que tu peux les modeler à volonté…sacrée économie…

Vous l’aurez compris, je reviens d’une semaine de manip. 4 jours sur Ile Longue, puis 3 jours sur Ile du Cimetière. Quel plaisir de pouvoir les découvrir avec une météo des plus estivale. On est en été ici et ça s’est vraiment fait ressentir cette semaine. Voilà un peu plus d’une semaine maintenant que le soleil et le ciel bleu sont de la partie. Le vent est calme, le ciel dégagé (le Mont Ross est visible tout les jours) et la température grimpe ! On s’étonne à abandonner la Gore Tex à la cabane et on finit même par laisser tomber la polaire. Bien entendu, la crème solaire ne faisant pas vraiment partie de notre fond de sac, on a très vite fait d’attraper des couleurs ainsi que des coups de soleil ! Heureusement, il y a toujours un tube de Biafine qui traîne dans les trousses à pharmacie! Sauvés. En tout cas, c’est une chose suffisamment rare pour qu’on en profite au maximum. Résultat des courses, on commence les manips le plus tôt possible le matin histoire de nous laisser le temps de flâner au soleil en fin de journée ! Un pur délice.

Nous avons commencé notre petit périple par île Longue…pas besoin de vous expliquer la raison de ce nom ! Notre travail sur place consistait à poser 17 transects de végétation dans la partie centrale de l’île. Hors de question de les installer n’importe où. Chaque transect doit répondre à des critères sur le milieu (par exemple Pelouse à Poa annua, Zone humide,…). Donc avant de commencer quoique ce soit, une première rando est nécessaire histoire de repérer des sites potentiels. Nous voilà, Lise et moi, à arpenter cette île…

C’est une île particulièrement étonnante. Tout d’abord, il faut savoir que c’est ici qu’est effectué l’élevage des Moutons Bizet (qui permettent de nourrir la base). Pas loin de 3000 têtes se partagent des parcelles riches en graminées (introduites ça va sans dire !). Les brebis et les béliers sont séparés pour éviter toute reproduction ! Apparemment les barrières ne sont pas à 100% étanches à en juger par le nombre d’agneaux…Les moutons, rarement tondus, portent une laine épaisse (environ 30kg) qui se dreade…des Rastas moutons en quelque sorte !

Le relief de l’île combiné à ces verts pâturages lui donnent des allures de prairies alpines. On prend très vite de la hauteur et l’île bénéficie d’une place privilégiée pour admirer l’organisation chaotique des îles dans le Golf du Morbihan. Le Mont Ross quant à lui nous fait l’honneur d’être parfaitement dégagé pendant toute la durée de notre séjour.

Par ailleurs, Lise et moi avons semble-t-il un sens de l’orientation hors paire ! Voilà comment on a bien failli se perdre sur les plateaux sommitaux de l’île. Mais comme on dit, « c’est en se perdant qu’on découvre » ! Dans notre errance, nous avons eu le plaisir de tomber sur ce lac d’altitude, qui tel une piscine à débordement semblait se déverser dans le Golf...Et comme la nature fait bien les choses, une petite plage de sable nous attendait ! L’occasion de retirer les bottes et de décongestionner nos pieds endoloris dans une eau tiède !

Au bout de deux jours et demi de travail, nous finissons de poser notre dernier transect. Et la météo étant toujours au beau fixe, nous décidons de flâner un peu et de partir pêcher de la truite dans un des lacs supérieurs. Au bout du compte, quelques touches et deux truites de 30 cm pour le dîner ! Si j’avais su qu’il fallait que je vienne à Kerguelen pour apprendre à pêcher !

La dernière matinée (mercredi 20), le berger a profité de notre disponibilité pour rabattre des agneaux afin de les tondre. Expérience amusante et parfois un peu flippante quand tout d’un coup un groupe de 50 agneaux, sentant le piège se refermer sur eux, te foncent dessus pour fuir. Surtout garder son sang froid, rester à sa place, leur faire face en criant et en agitant un pull…et ça fonctionne…au dernier moment ils font demi tour dans une frénésie collective…il y a pas à dire, c’est bête un mouton !

Normalement, le chaland devait venir nous chercher en fin de matinée. Mais comme le Golf était un pur miroir, on est venu nous prendre plus tôt en zodiac histoire de faire gagner du temps aux marins. Trop la classe de faire ce transfert Longue-Cimetière en surfant à toute allure sur cette mer d’huile. Les îles du Golf défilent sous tes yeux, les cheveux (gras) au vent, l’air pur et frais de la mer…une sensation de liberté.

Au bout de 40 min de zodiac, nous arrivons enfin sur Ile du Cimetière. Nous sommes accueillis sur la plage de galet noir par une petite colonie de Manchots Royaux. Ces majors d’hommes nous regardent d’un air suspect et semblent comploter sur notre dos ! Il faut dire qu’ils sont peu habitués à voir des hommes. Car contrairement à Ile Longue, l’île du Cimetière est très rarement visitée. En fait seul le programme Ecobio continue d’y réaliser des manips une fois par an…un privilège ? Oui et non ! Tout dépend de la météo ! Car cette fréquentation très limitée de l’île a entraîné un pseudo abandon de la cabane ! On nous avait bien prévenu avant notre départ… « Prévoyez TOUT ». Sur ces bons conseils, nous avions donc amené tout le matériel de camping : lampe à gaz, réchau, eau, matelas,…

La cabane est située derrière une petite barre rocheuse et n’est donc pas visible depuis la plage. Il nous faut monter la côté, chargés comme des mules pour atteindre notre logement. Après 10 min de montée, la cabane nous apparaît enfin ! Et on a beau être prévenu, ça surprend ! Vu d’extérieur, la cabane prend des allures cosmiques. Les fuites ont été réparées au fil des années avec du recouvrement de toiture et des pierres cèlent le tout ! Une Cyber cabane ! Heureusement, l’intérieur n’a rien à voir avec l’extérieur. Après un bon coup de balai, elle devient même très chaleureuse, presque luxueuse si on oublie le fait qu’il n’y a que les murs !

Le soleil était une fois de plus au rendez-vous. La manip « lecture de transect », s’est donc avérée plutôt agréable. Jeudi après-midi, travail terminé, il ne nous restait plus qu’à profiter (encore) de cette météo exceptionnelle. L’occasion aussi d’aller faire un tour vers le Cimetière de l’île (ce qui explique son nom). 18 baleiniers y ont été enterrés.

A l’heure où je finis d’écrire ce message, nous venons tout juste de finir de préparer le matériel pour les manips qui nous attendent. Me reste plus qu’à faire mon sac. Je croise les doigts pour que la météo soit aussi bonne que la semaine précédente…mais il ne faut pas rêver ! Une dégradation est prévue dès demain et le vent va souffler…rafales à 60 nœuds annoncées ! Je sens que les feuilles de manips vont voler !

8 janv. 2010

Ile Verte

Je refais surface après un petit séjour de 4 jours sur Ile Verte. L'occasion pour moi pour de vous faire découvrir une autre facette de Kerguelen.

Pour replacer le tout dans son contexte, le programme Ecobio pour lequel je bosse suit sur plusieurs îles du Golf du Morbihan (de Kerguelen) des populations de Choux de Kerguelen et d'Azorelle. Chaque île ayant sa propre histoire (présence ou absence de lapin, éradication du lapin, présence de chats,...) cela permet d'étudier sur le long terme comment s'adapte la végétation originelle pour chacun de ces patrons. Sur le terrain, notre travail consiste à repérer sur le pourtour des îles des Choux et Azorelles marqués, d'effectuer des mesures biométriques et de marquer des germinations.


Nous voilà donc, tels des naufragés, à nous approprier cette petite île dont le point culminant de dépasse guère 50m. Ca peut sembler peu sur papier, mais quand tu fais au moins un tour de l'île par jour et quelques détours vers le centre, tu es bien content de regagner le confort de la petite cabane qui nous a servi de refuge.

Une cabane elle aussi sans prétention mais qui s'est avérée particulièrement chaleureuse. Un intérieur en bois, personnalisé et décoré au fil des années par les différents occupants. Une cabane qui s'est imprégnée de toute une histoire que tu peux lire et découvrir dans les dessins et petits mots sur les murs. Tu plonges dans l'intimité d'un lieu chargé d'émotions.

Tu regardes par la fenêtre et découvres un panorama sur le Golf du Mobihan et ses îles. Alors que tu scannes ce paysage de rêve pour essayer de le graver dans un coin de ta tête, ton regard se fige sur la petite colonie de Papou qui a élu domicile sur la plage en contrebas. Ils batifolent dans l'eau et se prélassent sur des matelas de Leptinella plumosa sans se soucier de ce nouveau voisinage!

Le dessous de la cabane semble lui aussi un abris douillet pour quelques Pétrels et Océanites qui semblent gênées par le bruit que nous faisons. Elles nous le font clairement comprendre par leurs petits cris...c'est ce qu'on appelle un conflit de voisinage!

Et pour finir, une colonie de Cormorans niche sur la petite falaise située sur la plage. Les poussins sont déjà bien grands (pratiquement aussi gros que les parents) et encore vêtus de leurs gros duvet grisâtre. Ils harcèlent les parents pour un peu de nourriture. Ces derniers cherchent désespérément à dormir et ignorent les petits en plongeant leur tête sous les ailes.

Notre manip nous oblige à réaliser le tour de l'île. Encore l'occasion de croiser ces oiseaux aux comportements si différents l'un de l'autre. Ainsi, les Chionis (aussi appelés Pougeons car ils font penser à des poules et sont aussi bêtes que des pigeons) semblent particulièrement intrigués par ces bipèdes qui mesurent des choux. Ils n'hésitent pas à s'approcher par curiosité! Les Goélands quant à eux nous font bien comprendre que nous sommes sur leur territoire en volant autour de nous et en tentant de nous chier dessus (heureusement, le vent rend ce genre d'objectif assez difficile à atteindre). Les Sternes, aussi petites et belles soient-elles, tentent de nous intimider en nous plongeant dessus et en poussant des petits cris de mécontentement. La méthode est plutôt concluante et nous fuyons pour leurs échapper! Bien sûr tout ça nous fait bien rire sur le coup mais quand il s'avère que ta station de Choux se situe en plein dans leur territoire, ça commence réellement à devenir inquiétant! Enfin, les Skuas veillent à ce que nous ne fassions que passer sur leur territoire. Dès lors que tu passes la frontière, ils s'envolent et foncent droit vers toi avant de se poser ailes déployées à tes côtés. Ils se contentent ensuite de te suivre telle une escorte jusqu'à ce que tu sois sorti de leur espace vital. Un espace jonché de cadavres d'oiseaux. Car ces oiseaux chassent les petits Pétrels Bleus qui nichent dans des terriers. On en a vu creuser dans la terre située au dessus de la chambre pour pouvoir en extirper le poussin et ainsi pouvoir nourrir leur propre rejeton! Film d'horreur ou dure Loi de la nature? Le problème, c'est qu'à Kerguelen les cadavres se décomposent très lentement! L'ambiance qui émane de ces véritables charniers s'avère même parfois un peu pesante.

Remis de toutes ces émotions, nous regagnons la cabane. La chaleur dégagée par les radians est accueillie à bras ouverts et permet de faire sécher les vêtements (si il a plu). Le corps ainsi réchauffé nous nous réunissons à table, à la lueur d'une bougie autour d'un apéro. Une ambiance qui prête aux petites confidences et à ces merveilleuses discussions qui refont le monde. L'heure tourne, le soleil se couche et l'estomac crie famine après cette journée de terrain. Heureusement, les cabanes sont richement ravitaillées par l’IPEV et nous avons embarqué du frais (oeufs, fromage, viande, pain,...) avec nous. Les repas sont copieux mais tellement bon. Quoi de mieux qu'un bon boeuf bourguignon ou une tartiflette pour se remplir la panse. Et puis le hasard à plutôt bien fait les choses: c'était l'anniversaire de Lise le 06. Nous avons donc eu droit au fois gras et au Sauternes! Prétexte également pour faire un gâteau au chocolat et un crumble aux poires et caramel au beurre salé! Des plaisirs qui sont déjà bien appréciés en métropole mais qui prennent une tout autre dimension dans cette petite cabane.

Bien entendu, tout est relatif et ce confort reste sommaire dès qu'il s'agit de se laver ou d'aller aux toilettes! Ici, pas de salle de bains et encore moins de WC. Nous nous contentons donc de nous laver les dents et de nous rincer le visage à l'eau de pluie. La plage quant à elle sera un endroit de premier choix pour faire ses besoins! Le simple fait d'uriner relève de l'aventure quand il y a du vent! Les anciens hivernants, riches d'une année d'expérience, nous ont ainsi conseillé d'adopter la position "3/4 dos au vent"...seul moyen de pas d'en mettre partout! C'était pour la petite anecdote!

Chaque jour, à 17h30 précise, nous renouons contact avec la base. C'est en effet l'heure de la VAC. C'est un moment que j'apprécie particulièrement. En fait, pour des raisons de sécurité, chaque groupe de manipeur doit contacter le BCR (centre de communication sur base) pour confirmer que tout va bien. Du coup, à 17h30, tout le monde hors base cesse l'activité en cours pour se brancher sur le canal 26 ou 27. Tour à tour, on peut donc entendre la voix de personnes que je n'ai même pas encore croisé sur base. C'est aussi l'occasion de recevoir le bilan météo pour les deux journées à venir (...important pour planifier les manips!) ou de passer des petits messages persos. Voilà comment toute l'île Kerguelen a pu souhaiter un joyeux anni à Lise!

4 jours se sont écoulés et il est déjà temps de repartir. Le chaland ne passe que vers midi et comme nous avons fini nos manips, nous en profitons pour faire un cake avec les restes et quelques cookies...histoire de faire plaisir aux pilotes du chaland et d'évacuer les restes (à Kerguelen, rien ne se perd, tout se transforme).

Aux alentours de 11h30, nous entendons le bruit du chaland qui approche et qui vient beacher (action de s'échouer sur la plage) pour nous permettre de monter à bord avec notre matériel. Puis nous faisons cap vers PAF qui prend d'un coup des dimensions énormes en comparaison à la vie en cabane. Un retour à la civilisation, aux horaires fixes, au stress! C'est réellement comme un retour en ville après une semaine de rando dans les Alpes ou un sejour en campagne! Mais c'est aussi un joie de pouvoir a nouveau prendre une douche et consulter ses mails!

25 déc. 2009

Traversée avec La Curieuse

Premier message écrit depuis La Curieuse. Il est 11h (7h pour vous) et nous sommes le 24 décembre.

L’arrivée à Kerguelen est prévue pour demain matin. La côte ne sera malheureusement pas visible avant la nuit si ce n’est au radar. Nous découvrirons donc Kerguelen demain matin au réveil. Kerguelen tel un cadeau de Noël sous le sapin ! Je pense que c’est vraiment le plus beau cadeau qu’on puisse nous faire ! Nous avons tous vraiment hâte de quitter le bateau et son bruit de moteur incessant et assourdissant, de pouvoir de nouveau poser les pieds sur le plancher des vaches.

Comment vous décrire la traversée ?

Je vais essayer de faire le plus court possible et de me concentrer sur les points qui vous intéressent.

Tout a commencé il y a maintenant un peu plus d’une semaine. Nous sommes arrivés à La Réunion mercredi 16 décembre vers 9h30. Un taxi est venu nous prendre pour nous conduire directement au Port où La Curieuse nous attendait. Cette dernière était à quai juste derrière le Marion Dufresne. C’est sûr que vue sous cet angle, La Curieuse prend des allures de Twingo de l’océan (pour paraphraser Nico!). Mais en aucun cas elle ne semble ridicule. La Curieuse est un bateau robuste, construit pour résister.

Vers 16h nous quittons le port…c’est parti pour 9-10 jours de traversée. Très rapidement, la houle se fait ressentir et le bateau se met à tanguer. C’est bien là le problème de La Curieuse : c’est un bateau robuste mais qui prend très (trop) facilement la houle…Au bout d’une bonne heure je ressens un certain mal être. Je sors donc ma première arme anti mal de mer : les bracelets Sea Band! Foutaise ces trucs là ! 30 minutes plus tard je rends par-dessus bord! J’essaie bien ensuite de prendre des cachets mais chacun d’entre eux finit inexorablement dans l’eau! Petit à petit l’état de chacun se dégrade. Le ventre barbouillé, incapables de manger ou boire quoique ce soit (pas même un grain de riz ou de l’eau), nous nous réunissons sur le pont pour vomir en collectivité! Nous finissons donc par adopter le patch et par regagner nos couchettes en espérant trouver le sommeil.

Heureusement pour nous, le patch est vraiment très efficace et les effets secondaires se limitent à une bouche pâteuse et une très légère tendance à la somnolence. Dès le deuxième jour, nous retrouvons petit à petit l’appétit.

Je vous assure une chose : quand on est dans un état pareil on se dit que c’est pas possible de tenir de coup pendant 10 jours!

Les activités à bord sont très limitées. Il faut s’imaginer une vie de chat! Je ne plaisante pas. En gros notre activité se limite à dormir, se lever pour aller manger (nourriture très bonne soit dit en passant), retourner se coucher pour digérer, faire sa toilette. Aller prendre l’air de temps en temps, regarder un film, lire, faire du crochet. Je pense avoir fait le tour. Et bien je ne souhaite ça à personne. C’est vrai que c’est bien agréable le temps d’un week end au coin du feu (je t’y prend frangine! lol). Mais ça s’avère très pesant au bout de quelques jours. Du coup, on perd très vite toute notion du temps. 8 jours que nous sommes en mer et pourtant j’ai l’impression que ça fait une éternité. Je n’envierai plus jamais un chat qui se prélasse au soleil quand toi tu pars bosser!

Et la météo ça donnait quoi?

Bah dans l’ensemble on n’a pas trop à se plaindre. Les deux premiers jours, nous avons eu une houle assez forte pour nous rendre malade. A bien y penser je ne pense pas qu’il nous fallait grand-chose!

Ensuite nous avons eu 2-3 jours avec une mer calme. Quel soulagement de pouvoir enfin manger sans se soucier de son verre d’eau et de ne pas avoir à jouer les équilibristes au moindre déplacement.

Mais doucement et sûrement, nous nous approchons des 40e rugissants. Le Capitaine nous demande de ranger nos affaires car ça risque de secouer dans la nuit ! Et on nous interdit de sortir sur le pont supérieur ! On se prépare donc tous psychologiquement à vivre une tempête dans la nuit. Seul hic : nos patchs du départ ne sont plus efficaces. La grande question est alors de savoir si on en remet un ou pas! Pour le moment nous décidons d’attendre : d’après Pierrick, « se patcher, c’est tricher! » Finalement, la nuit ne s’avère pas aussi mouvementée que prévue. Il y a bien des creux de 3-4m mais la période des vagues est grande donc on est remué en douceur (tout est relatif !). Il n’empêche que le lendemain, les patchs sont de retour à l’oreille…on se sent un peu ballonnés et mieux vaut éviter de revivre l’épisode du premier jour.

Ca va maintenant faire 2-3 jours que la mer est dans le même état. Juste pour vous donner une idée, il arrive au bateau gîte sur 30° (quelque fois plus). En tenant compte du retour ça nous fait une amplitude de 60-70 degrés…autant dire que oui ça bouge dans La Curieuse…pas pour rien qu’elle est surnommée La Machine à Laver Pas toujours évident de trouver le sommeil dans de telles conditions! En effet, les positions qui t’évitent de rouler dans ta couchette sont malheureusement les plus inconfortables!

Pour ce qui est des températures, on est parti de La Réunion avec un peu plus de 27 degrés. Aujourd’hui il fait 6 degrés dehors. C’est amusant car la chute des températures ne se fait pas de façon continu et régulière. En effet, au bout de 4-5 jours, on sent la température de l’air diminuer assez rapidement. Au matin tu es en short et débardeur dehors. Le soir tu enfiles une petite polaire! Mais le plus marquant c’est le moment où on passe le front de convergence polaire. Cette fois-ci c’est la température de l’eau qui chute. Tout devient radicalement différent quand on passe ce front. En effet, c’est seulement à partir de ce moment qu’on peut observer quantité d’oiseaux marins. Ils sont désormais une bonne dizaine à suivre le bateau : Pétrel soyeux, Pétrel noir, Grand Albatros (vraiment énorme avec un peu plus de 3 mètres d’envergure), Albatros à Bec Jaune,…

Vendredi 25 décembre.

Ca y est nous sommes bien arrivés!

Quel magnifique cadeau de Noël de pouvoir apercevoir les côtes de Kerguelen au petit matin. Nous sommes arrivés sur PAF en fin de matinée escortés par des dauphins de Commerson.

Je retrouve enfin Lise (ma binôme Ecobio), Alexia et Marine (les 2 Ecobiotes de la 59e) qui se chargent de me faire découvrir la base. Pas facile de s’y retrouver avec toutes ces nouvelles têtes. Et le mal de Terre n’aide pas non plus.

A peine quelques heures que je suis ici et je sais déjà que je vais passer une année inoubliable. On se croirait dans un documentaire animalier. Tu marches au milieu des jeunes éléphants de mer et les goélands présents sur base semblent avoir oublier qu’ils savent voler (ils ne s’inquiètent de toi que quand tu es à 50cm d’eux). Je vous assure c’est un truc de folie…et ce n’est que le début!

15 déc. 2009

Jour J

Ce message est sans aucun doute le dernier écrit depuis la métropole.
Et pour cause, aujourd'hui, mardi 15 décembre 2009, c'est le jour du grand départ. Encore 3h devant moi avant de prendre le TGV en gare de Lille Europe...direction Roissy Charles de Gaulle.

Au réveil, je pousse la tête dehors. Surprise, les voitures sont blanches, les cheminées fument,...pour une fois la météo disait vrai: -5°C à Lille. Un ciel bleu azur, un air sec et froid...c'est l'hivers. J'aime ce temps, cette ambiance feutrée (c'est facile à dire quand on est botti dans la couette), cette sensation de solitude.
A bien y penser, j'aurais peut être plus chaud à Kerguelen!

Hors de question de partir comme un voleur dans les îles. C'est pourquoi je pourrais renommer ma dernière semaine, la semaine Au Revoir. Pas toujours très facile de se séparer des personnes qu'on aime. On essaie de profiter au maximum de chacun, en évitant de penser au départ qui approche.
Un tour de grande roue, une soirée crèpe, un Noël avant l'heure en famille, un resto entre amis, aller à la pâtinoire, regarder un film et s'endormir... Des regards, des paroles, des rires, des souvenirs, des gestes tendres, des pleurs... merci à tous de me faire vibrer, de m'influencer, de me faire me sentir vivant.
Nous sommes le mardi 15 decembre 2009, il est 9h43, et il est temps pour moi de vous souhaiter bon vent et bonne continuation.
On se retrouve dès que je peux à Kerguelen.